Risque de famine en Afrique de l’Ouest et au Sahel : la FAO tire la sonnette d’alarme.

Risque de famine en Afrique de l’Ouest et au Sahel : la FAO tire la sonnette d’alarme.

En Afrique de l’Ouest et au Sahel, de manière unanime l’augmentation de la sévérité et de l’amplitude des crises alimentaires et nutritionnelles, particulièrement dans les régions du Sahel et du Lac Tchad (Burkina Faso, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Tchad) ont constaté les participants à la dernière réunion du Réseau de Prévention des Crises Alimentaires tenue du 6 au 8 avril 2022 à Paris. Entre 2018 et 2022, le nombre de personnes en besoin d’assistance nutritionnelle et de sécurité alimentaire d’urgence dans les pays de l’espace CEDEAO, UEMOA, CILSS et le Cameroun est passé d’environ 11 à près de 41 millions.

Le risque de famine en Afrique de l’Ouest et au Sahel est réel

Le principal facteur déterminant de cette insécurité alimentaire et nutritionnelle préoccupante est l’exacerbation de la tension sécuritaire dans le bassin du Lac Tchad, dans le nord du Mali, dans la région du Liptako Gourma et dans les régions anglophones du Cameroun qui a provoqué, entre autres, des déplacements massifs de populations, la déstabilisation des marchés et des flux de transhumance transfrontaliers et le dysfonctionnement des infrastructures sociales. Aussi, l’intensification des attaques des groupes armés dans le centre-nord et le Nord-Ouest du Nigéria où le phénomène des enlèvements et séquestrations constituent un climat de terreur et de peur dans les États touchés, impacte négativement la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.

A cela s’ajoute la baisse de production dans la région ainsi que les effets résiduels de mesures de gestion de la COVID 19 contribuant à la détérioration des conditions économiques des populations.

En outre, le conflit en cours en Ukraine perturbe fortement le commerce mondial des denrées alimentaires, des engrais et des produits pétroliers, et provoque de nouvelles hausses des prix des denrées alimentaires et des perturbations dans l’approvisionnement en produits agricoles (notamment en engrais) générant un record de hausses de prix de produits agricoles depuis 2011.

Les réponses de la FAO face à cette situation

Dr Gouantoueu Robert Guéi, Coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest récemment interrogé par la presse a partagé les réponses de la FAO : « C’est une crise alimentaire sans précédent que nous traversons mais elle doit servir de réveil pour les États africains. Elle nous offre l’occasion de nous attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire dans la sous-région. C’est l’occasion de développer des systèmes alimentaires et agricoles moins dépendants des chocs extérieurs en renforçant l’agriculture locale afin qu’elle soit plus productive ». Il a également donné des exemples concrets de l’appui que la FAO entend déployer : « En soutenant un pastoralisme apaisé dans la région sahélienne, en luttant contre les ravageurs qui sont un challenge à la sécurité alimentaire et en développant localement des unités de productions d’engrais. Et favoriser la consommation de produits agricoles locaux afin d’être moins dépendants des importations ».

Les Etats de la région ne pourront pas faire face seuls à cette éventuelle crise

Les États du Sahel doivent faire face à de nombreux challenges. Leurs partenaires tels que la FAO, le PAM et beaucoup d’autres sont disposés à renforcer le travail. C’est pour cela que s’est tenu à Bruxelles en marge de la réunion du RPCA un événement de haut niveau organisée par le Réseau global contre les crises alimentaires, l’UE, la FAO, le PAM et beaucoup de partenaires techniques et financiers. Cette réunion a été présidée par le Président Bazoum du Niger et a permis de récolter près de 2,5 milliards d’euros de contributions qu’il faudra utiliser rationnellement dans les pays du Sahel pour adresser les crises dont l’impact de la guerre en Ukraine.

La FAO a mis en place tout un système de réponse d’urgence et de résilience y compris au niveau sous régional. Le Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest, particulièrement l’équipe pour la Résilience, les Urgences, et la Réhabilitation REOWA, est disposée à apporter aux États les soutiens techniques nécessaires pour mettre en œuvre leurs plans de réponse à travers un appui renforcé de la production agricole quelle que soit la situation de crise, la vaccination des animaux, la restauration des terres dégradées, la gestion intégrée des ressources naturelles, le Cash+ entre autres. La saison de soudure est proche et nous devons agir vite et de façon coordonnée.

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